Un article de Aurélie Colladon, coordinatrice VSI
Marie-Cécile a 21 ans. Jeune infirmière, elle est volontaire de solidarité internationale avec la Guilde et l’œuvre d’Orient. Elle travaille à Jérusalem-Est au sein du Home Notre Dame des Douleurs, un établissement qui accueille des personnes âgées pour la plupart démunies, chrétiennes et musulmanes.
Une maison de retraite pas comme les autres
Voilà 5 mois que Marie-Cécile travaille dans cette maison de retraite pas tout à fait comme les autres. A peine son diplôme d’infirmière en poche, elle a décidé de s’engager auprès des plus pauvres.
Dirigé par les Sœurs de Saint Frai, le lieu est arboré, paisible et agréable. Mais ici, l’environnement illustre parfaitement la complexité du conflit israélo-palestinien : le Home est longé par le mur de séparation, un mur de béton de 8 mètres de haut surplombé de fils barbelés, construit en 2002 et qui coupe la ville en deux.
Depuis, tous les déplacements des familles voisines du Home en ont été compliqués. Chaque jour, les collègues de Marie-Cécile qui vivent de l’autre côté du mur, doivent faire un immense détour pour traverser la frontière et ses check-points. Marie-Cécile, qui loge sur place, dans ce véritable havre de paix, n’en perd pas moins de vue la réalité de la situation : la fenêtre de sa chambre donne tout droit sur le mur ! « Bien sûr, il faut savoir rester prudent, surtout lors des manifestations, mais globalement c’est plutôt calme ici, et je ne me sens pas spécialement en danger » précise Marie-Cécile.
Les liens du cœur
Chaque jour, Marie-Cécile prodigue soins et marques d’attention aux 43 résidents de l’établissement. Elle communique en français, en anglais, et a appris quelques mots d’arabe mais la langue n’est pas un frein pour les liens qu’elle a créés avec ces personnes isolées. Jean-François KLOS, le directeur français de l’établissement explique : « dans la culture palestinienne, il est rare que des personnes âgées se retrouvent placées, les familles ayant toujours à cœur de les garder chez elles. Les résidents du Home sont la plupart du temps des personnes célibataires sans enfant, ou des personnes dont les enfants ont émigré à l’étranger. » Et il ne tarit pas d’éloges sur l’implication de Marie-Cécile au sein de la maison !
« J’adore travailler avec les personnes âgées. Je ne me verrais pas travailler dans un hôpital ». Première mission de volontaire, première expérience professionnelle en dehors des stages étudiants, Marie-Cécile est épanouie ! La seule frustration pour une infirmière dans cet établissement est liée à la disponibilité des médicaments. En effet, ce sont les familles qui doivent apporter les médicaments des résidents ; malheureusement elles ne sont pas toujours en mesure de le faire, et, faute de moyens, les traitements doivent parfois être interrompus.
Un accueil généreux
Marie-Cécile est également très bien intégrée dans l’équipe locale qui attendait son arrivée avec impatience. Et les temps de service sont riches d’échanges interculturels. « Ici, les gens mangent tout le temps » s’étonne Marie-Cécile, « à toute heure de la journée, on me propose toujours des tas de choses à manger, et je ne peux pas refuser sans les vexer ! ». Elle a également bénéficié d’un renouvellement total de sa garde-robe…pas toujours à son goût !
En dehors de son travail qu’elle accomplit avec passion, Marie-Cécile a noué des liens avec les autres jeunes volontaires français de la région. Elle participe régulièrement à des sorties avec eux, à Jérusalem ou ailleurs dans le pays. Le Home accueille également de jeunes retraités français pour des missions bénévoles d’un mois. « Je leur suis très reconnaissante de leur aide pour mon intégration à mon arrivée, mais il y a quand même un décalage générationnel entre eux et moi » raconte Marie-Cécile, qui se réjouit de l’arrivée imminente d’une seconde (jeune) VSI en renfort de l’équipe administrative.
Mission terrain de La Guilde – février 2018