Véritable artère vitale de la péninsule indochinoise, s’écoulant sur plus de 2 000 km, le fleuve Mékong constitue une ressource en eau essentielle pour tout le bassin supérieur et inférieur. Considéré comme la 1ère pêcherie d’eau douce du monde, il permet aussi l’irrigation des plaines, grandes productrices de riz dans la région. Même si la croissance démographique et économique ainsi que le développement industriel font augmenter inexorablement les prélèvements en eau, le Mékong n’est pas considéré en situation de stress hydrique. En revanche, de fortes inquiétudes pèsent sur cette faune d’eau douce qui est l’une des plus diversifiée au monde : le développement de l’hydroélectricité, et ses conséquences sur la pêche et l’érosion des berges ; la surpêche et la pêche dans les zones de migration et de reproduction ; la surexploitation du sable des berges… Des problèmes environnementaux multiples – émission de gaz à effets de serre (GES) liés à la production agricole, déforestation, pollution de l’eau, perte de la biodiversité – remettent en cause la pérennité de cet écosystème fragile, et impactent par voie de conséquence la sécurité alimentaire des habitants de la région. En cohérence avec les Objectifs de Développement Durable 2030 (ODD), le projet proposé – dans le village de Dongkouay – vise à concilier impacts environnementaux, économiques et sociaux pour participer à la réponse à l’ensemble de ces enjeux. Avec l’ambition de mettre en place des pratiques durables et responsables agricoles et aquacoles, la clé de voûte du projet est la création d’une ferme aquacole (écloserie et étangs), où les villageois seront formés aux techniques d’aquaculture permettant la production d’alevins utilisés par la suite pour l’empoissonnement des rizières (rizipisciculture) ou étangs. La récolte du poisson sera source d’Activités Génératrices de Revenus (AGR) pour les villageois tout en étant un complément alimentaire (consommation personnelle du poisson produit). Ce programme s’inscrit dans la continuité des activités traditionnelles du village et ne nécessite pas d’investissements individuels coûteux, ce qui permet de considérer qu’il bénéficiera réellement à terme à 100% de ses habitants. La filière d’alevins qui sera créé se focalisera sur la reproduction et la préservation d’espèces de poissons indigènes du Mékong enregistrées sur la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN) comme étant en danger ou vulnérables, le projet pourra revendiquer une dimension environnementale forte, et œuvre très concrètement à l’effort de protection de la biodiversité. En effet, ce programme permettra également d’empoissonner les zones de frayères ou de migrations du fleuve Mékong, afin de donner un nouvel élan à la préservation de la biodiversité de ce fleuve et à la valorisation des richesses naturelles de notre planète. Pour précision, en parallèle est déjà initié dans le village un projet de reproduction de grillons, en partenariat avec l’association Dynamic Actions. Dans cette même logique de développement d’Activités Génératrices de Revenus (AGR), les grillons peuvent être vendus par les villageois sur les marchés locaux ; leur apport nutritionnel intéressant (protéines) permet aussi de renforcer la sécurité alimentaire grâce à la consommation personnelle d’une partie de la production. Point de rencontre avec le projet aquacole, cette production de grillons est aussi utilisée pour la création d’un aliment alternatif aux farines animales, directement utilisé au sein de la ferme aquacole.
Projet agroécologique basé sur la rizipisciculture pour un développement économique de proximité au service de la préservation d’un écosystème menacé
