Le Pérou, pays très urbain, souffre encore fortement de la pauvreté et d’écarts de développement très marqués entre les grandes villes et les zones rurales. L’aménagement du territoire, centrés sur l’extractivisme (exploitation minière) hérité de l’époque colonial a exclu jusqu’à présent tout développent local durable et l’accessibilité des ressources. La région de Cuzco concentre 4 des 10 districts les plus pauvres du pays sur 1835, avec une population majoritaire d’agriculteurs. L’industrie agroalimentaire y est quasi inexistante, offrant peu de débouché possible aux familles d’agriculteurs de la région qui représentent autour de 40% de la population. Aujourd’hui, les acteurs locaux – collectivités (districts), communautés, associations d’entrepreneurs et citoyennes – manquent de formation et d’organisation pour proposer une vision et des activités au service d’un développement durable. Depuis que la population des Andes est devenue sédentaire (environ 7500 ans), la cuenca (bassin versant) a été l’unité territoriale de base. Ses infrastructures productives (terrasses, Waru Waru, lagune-réservoirs, etc.), logistiques (routes, canaux d’irrigation, greniers) et urbaines, ont été pensées à cette échelle. C’est pourquoi le projet Ecocuenca a choisi cette unité géographique et deux cuencas autour de Cuzco – Cachora, et Pomacanchi – pour déployer son projet. Ecocuenca est un projet de développement local qui a pour objectif de contribuer à l’amélioration de la qualité de vie des populations locales des bassins versants andins, à travers la promotion et la facilitation d’une gestion éco-compatible du territoire reposant sur une occupation durable de l’espace, la sécurité alimentaire et un développement économique durable. Le renforcement de capacité des acteurs locaux, de leurs espaces de gouvernance, de leurs instruments de planification et enfin un système d’incitation à la mise en œuvre d’activités éco-compatibles en constituent les leviers d’intervention. Il s’adresse aux acteurs du territoire (collectivités, communautés paysannes[1], organisations citoyennes et entrepreneuriales représentatives des populations les plus vulnérables et des acteurs engagés dans le développement local, familles). Les axes d’interventions pour parvenir à cet objectif sont de faciliter les conditions du changement à travers (i) le renforcement des acteurs d’une part, (ii) le renforcement de leurs espaces (conseil local « mesa de concertacion ») et instrument (plan de développement local) de coordination d’autre part – et (iii) de soutenir la mise en œuvre de leurs actions pour le changement – business plans éco-compatibles et dispositifs de paiement pour services environnementaux. Enfin, pour en favoriser la diffusion, le projet est conçu comme un pilote de développement local démonstratif qui a vocation à être répliqué. A cette fin, il est prévu (iv) la mise en place d’un observatoire de développement local participatif, une systématisation des actions du projet et de leur diffusion. L’observatoire sera un référent de prise de décision pour les acteurs locaux. Le projet qui est présenté cible le premier et le quatrième axe d’intervention (i et iv). Les gouvernements locaux, engagés dans le premier axe, s’engagent en parallèle à travailler sur le second axe d’intervention (ii). Les actions de la troisième phase (iii) pourront être présentées dans le cadre de futurs appels à projets de l’AMP. Le lancement du projet est prévu en janvier 2020. Son budget, pour la première année de mise en œuvre, représente un montant de 25 549 euros. [1] Entités ancestrales qui occupent le territoire du district. Elles peuvent regrouper de 100 à 800 familles. Le district est la plus petite circonscription politico-administrative du territoire, hiérarchiquement dépendante de la province et la région. Les districts ciblés par ce projet sont des bassins versants qui regroupent de 4 à 20 communautés, selon chaque cas.