Le village Tchontchi Golombé situé dans le Nord Cameroun manque cruellement d’eau potable. Comme son nom l’indique, le mot Tchontchi en langue peskè signifie « pas d’eau ». L’objectif de ce programme consiste à apporter de l’eau potable sur le territoire de Tchontchi par la construction de forages. Ce programme de 2 forages s’insère dans un programme initial de 6 forages et fait suite à la construction de 2 forages réalisés en mars 2017 et d’un forage en cours, à tester au niveau du débit au cœur de la saison sèche. Aujourd’hui la population de 11530 habitants n’a accès qu’à 2 forages équipés de pompes manuelles, avec une accessibilité intégrant des temps d’attente très longs. L’association Goutte à Goutte a décidé de faire les forages par étape pour laisser le temps aux populations de s’organiser, d’intégrer les bienfaits de l’eau salubre et d’en accepter le coût. Il s’agit surtout de sensibiliser progressivement et d’accompagner les populations dans la création et la formation de comité de gestion dans l’objectif de pérenniser les réalisations. Ce programme se déroule donc sur plusieurs années. Au démarrage de la demande, il n’existait pour tout le village de Tchontchi (11530 habitants en août 2017) qu’un seul forage dans l’enceinte d’un lycée . La consommation d’eau était réservée à ce dernier . En dehors de cela, la population n’avait accès qu’à 2 puits ouverts et un autre forage qui ne produisait que 30 à 45 litres d’eau par jour. La population locale n’avait pas d’autre choix que de s’abreuver avec l’eau du fleuve, du mayo louti ou de creuser en saison sèche dans son lit pour récupérer de l’eau. La paroisse St Joseph de TCHONTCHI , notre partenaire local, représentée par l’Abbé Luc KOYE et l’archevêque, ont sollicité en 2015 notre association pour avoir une adduction en eau potable pour ces populations. Sur le seul territoire du village de Tchontchi , Goutte à Goutte a évalué qu’à minima 6 forages seraient salutaires pour la localité. Il faut compter normalement un forage pour 400 habitants (chiffre communément admis).Nous sommes loin du compte. Le besoin est ici crucial. Goutte à Goutte a donc construit deux forages en février 2017 grâce à l’aide de l’agence micro projet pour une population de 11530 personnes, ce qui reste totalement insuffisant. Une grande partie de la population continue de s’abreuver dans le fleuve dans lequel elle se lave, consomme, fait la lessive et la vaisselle. L’eau est pleine de déchets. Cette consommation est très souvent à l’origine d’épidémies ou de maladies comme le choléra, la typhoïde, la dysenterie, les amibes etc. De plus, les puits ouverts comme le Mayo Louti sont complètement à sec en période sèche, presque 6 mois par an. Les populations sont obligées de creuser dans le sable du Mayo pour récupérer de l’eau (photo en annexe). Ce programme a fait l’objet de deux études : Une étude approfondie du besoin a été réalisée en août et septembre 2017 par un étudiant, Alain Mbéré Djoanang ,ingénieur en master option approvisionnement en eau potable et maintenance des ouvrages hydrauliques, sur les besoins de la population de Tchontchi. Les résultats de l’étude confirment l’immensité des besoins aujourd’hui, s’élevant pour la population à minima à 10 forages et 3 châteaux d’eau (avec adduction d’eau et mise en place de bornes fontaines) pour desservir le centre de Tchontchi en fontaines. La projection jusque 2030 évalue le besoin à 14 forages à minima (Etude jointe en annexe). La localité de Tchontchi est réputée pour son manque d’eau et pour les nombreux forages en échec sur son territoire. Plusieurs sites ont été sondés en croisant le sondage électro magnétique et les tests de baguettes (annexe jointe).Des études géophysiques ont été réalisées par un expert de Yaoundé en février 2018. Recherchant une cartographie précise des eaux souterraines sur ce territoire, l’entreprise Radar International Exploration,sous la direction de Monsieur le Dr Alain Gachet, chercheur et inventeur de « Watex », a accepté de mettre à la disposition de Goutte à Goutte son savoir-faire technique pour nous guider sur cette zone difficile de Tchontchi . Fortement mobilisé par sa conscience aiguë concernant les conséquences liées au réchauffement climatique, il est aujourd’hui l’expert en matière de recherche d’eau souterraine renouvelable et d’aquifères profonds. Le Dr Alain Gachet, en raison des importantes difficultés rencontrées dans cette localité a accepté de nous aider complètement bénévolement et nous a fait ,grâce à une analyse satellitaire et une étude du terrain, des recommandations concernant le choix des meilleures implantations. Il nous recommande de forer en amont des barrières volcaniques sur 4 points, pour optimiser le débit et surtout avoir accès à des nappes abondantes et pérennes. Fort des études réalisées et des recommandations, nous poursuivons, confiant en ce programme de forages, dans l’optique d’équiper le forage le plus qualitatif en terme de débit , de proximité d’une pompe solaire et d’une adduction d’eau pour desservir le plus abondamment possible la localité de Tchontchi. L’objectif est de créer parallèlement un réseau de distribution pour faciliter l’accès aux forages les plus éloignés par la mise à disposition de tricycles dans les quartiers qui se sont déjà mobilisés. Ce programme sera prolongé par la mise en place d’un système de stockage d’eau du type citerne souple qui a l’avantage de ne pas demander d’entretien et par la mise en place de bornes fontaines pour faciliter un accès rapide à l’eau. La construction d’un château d’eau et d’une adduction jusque Tchontchi est envisagée pour la suite, si les locaux montrent leur volonté de s’engager dans ce programme. Ce programme est cadré par des conventions de partenariat solides. L’entreprise de forage, qui est elle-même une fondation, a l’obligation de résultat quelques soient les difficultés rencontrées. Nous sommes donc assurés d’aboutir à la construction de 2 forages. La convention de partenariat est jointe en annexe. Le projet répond aux Objectifs de Développement Durable et aux enjeux nationaux de réduction de la pauvreté et d’amélioration des conditions d’accès à l’eau. Il s’intègre et complète un programme gouvernemental de 100 forages actuellement mené dans la région Nord du Cameroun. Concernant la qualité de la construction, les forages sont garantis pendant 1 an par l’entreprise de forage. Des contrôles techniques sont effectués à chaque phase par un ingénieur expert : foration, tubage, essais de pompage, aménagements extérieurs. Ils sont consignés dans un rapport. Les analyses de l’eau physico- chimique et bactériologique sont réalisées par La Direction Régionale de l’Eau. Les forages sont équipés d’aménagements extérieurs : fabrication de dalle de propreté, murets avec puits perdu pour l’évacuation des eaux usées. La pompe India IV Mark à motricité humaine est choisie pour l’accessibilité des pièces de rechange. Elle sera remplacé par une pompe solaire sur le forage jugé le plus performant et le plus adapté pour une distribution et un coût optimal de l’eau. Concernant la gestion des points d’eau, les autorités locales sont impliquées ainsi que les communautés bénéficiaires. Pour vérifier l’effectivité de l’engagement des populations à entretenir ces forages, nous demandons que des collectes par quartier de 120 000 fcfa soient réalisées en amont des constructions.. Elles sont organisées par les chefs de quartiers et encouragées par le lamido, le chef traditionnel. Ces collectes constituent aussi une première réserve pour assurer les premières réparations, sachant que chaque forage est garanti 1 an. Un comité de gestion sera créé pour chaque forage pour réglementer l’accès , assurer le paiement des cotisations pour le service de l’eau, les premières réparations et gérer les activités génératrices de revenus. Des séances de formation sont prévues pour accompagner et former les comités de gestion. L’objectif est aussi de renforcer les comités de gestion existants et de sensibiliser à l’hygiène notamment dans les quartiers où la proportion de latrines par ménages est moindre. Deux artisans réparateurs seront formés par site et seront chargés de la maintenance et des petites réparations.. Une activité génératrice de revenus a déjà été mise en place pour les deux premiers forages pour garantir les réparations . Un tricycle a été financé. L’objectif de cette activité est de dégager des revenus par une activité de transport de l’eau, de céréales et de matériaux. La mise à disposition de nouveaux tricycles est prévue dans ce programme pour les quartiers où des comités de gestion sont déjà créés, pour générer des revenus supplémentaires et également pour assurer la distribution de l’eau dans ces quartiers dépourvus de forages proches. Eu égard à la difficulté spécifique du territoire de Tchontchi, les sites sont choisis aujourd’hui exclusivement sur la probabilité la plus forte de trouver de l’eau en abondance, des nappes qui seront pérennes. Les terrains actuellement sondés et recommandés sont publics.
Approvisionner durablement en eau potable Tchontchi dans le nord Cameroun
