Inspirer l'autonomisation des femmes : Solinfo, Les Flamboyants et l'AJVCI en Côte d'Ivoire.

Tout au long du mois de mars, en célébration de la Journée internationale des droits des femmes, le pôle Microprojets de La Guilde souhaite mettre en lumière les associations partenaires qui impulsent des initiatives visant à renforcer l’autonomisation des femmes et à promouvoir une meilleure égalité entre tous. Pour amorcer cette série, nous avons choisi de présenter le projet mené entre l’association française SOLINFO et deux ONG ivoiriennes : les Flamboyants et l’AJVCI. 

Nous avons mené un entretien avec Edouard, président de SOLINFO, Jack, directeur des Flamboyants et différentes participantes de l’initiative Alpha Couture. Ce microprojet, financé par La Guilde en 2021 s’est déroulé dans une zone très sensible au Nord de la Côte d’Ivoire, à la frontière avec le Burkina Faso et le Mali . Ils racontent : «  Nous nous trouvons à la zone frontalière où, malheureusement, il y a beaucoup d’économie informelle parce que les frontières sont poreuses. Il y a beaucoup de dangers liés à la pauvreté surtout concernant les jeunes filles. Cette économie informelle provoque des échanges économiques illégaux dont la plus grande trace est l’orpaillage clandestin. Elle provoque aussi des dangers liés à la prostitution, au travail des jeunes filles exploitées par les orpailleurs ainsi que par différents systèmes quasi-mafieux qui peuvent exister entre ces frontières. Les Flamboyants et l’Association des Jeunes Visionnaires de la Côte d’Ivoire (AJVCI) se sont mobilisés pour promouvoir une solution qui consiste à d’une part élever le niveau du français, c’est-à-dire alphabétiser les jeunes filles et femmes et d’autre part leur apprendre un métier, la couture, qui vise à l’autonomie des jeunes filles. C’est un test grandeur nature que nous avons mené lors d’une première édition ».  

28 jeunes femmes de Doropo et Kanakono ont pu bénéficier de formations d’alphabétisation et de couture : « Le matin, nous avions les cours d’alphabétisation et le soir, ceux de couture. On a aussi eu des machines pour apprendre la technique ». De plus, certaines d’entre elles sont devenues à leur tour encadrantes en couture pour les promotions suivantes : « Je suis devenue monitrice. Je suis très contente d’encadrer les filles qui participent au projet Alpha Couture  ».

Grâce à cette initiative, de nombreux résultats positifs ont été observés, principalement au regard de la lutte contre la pauvreté, les mariages précoces, la cohésion sociale et communautaire, et plus largement sur une meilleure insertion socio-professionnelle des femmes : «  Au long terme, le premier impact, c’est la lutte contre la pauvreté. On aura sorti au moins 80% de ces 14 filles de la pauvreté. Nous sommes réellement dans une zone avec un système d’orpaillage, avec une prostitution très présente. Avant ce programme, elles pouvaient s’adonner à ces activités illicites. Aujourd’hui, elles ont appris un bagage en terme de métier qui va permettre une certaine assurance sociale pour la suite.

Il faut dire que notre objectif est atteint au niveau aussi du mariage précoce. Les filles à partir d’un certain âge sont considérées comme adulte et vu les principes culturels, elles sont mariées plus souvent et plus facilement. […] A ce sujet, au cours de la première promotion, nous nous sommes confrontés à des difficultés douloureuses : une jeune fille s’est mariée, avec de conseils de contraception pour lui éviter de tomber enceinte. Pourtant, 8 mois après, elle est s’est retrouvée enceinte. Ça a été vraiment douloureux pour nous. 

Nous avons aussi eu un soutien de la communauté parce que nous avons développé, à une période donnée, des cantines, pour pouvoir laisser les jeunes filles avoir à manger le midi. C’est dans ces cantines que la communauté, elle-même, a apporté soit un peu d’igname, de riz, ou d’huile pour soutenir cette formation. Pour nous, c’était très important. Cela prouvait le soutien des parents autour de ce projet et ça nous a tous vraiment aidé. 

Aujourd’hui, ces 14 jeunes filles ont créé un cadre de vie communautaire alors qu’elles ne se connaissaient presque pas à l’origine. D’autres jeunes filles viennent des villages environnants et sont ici à ce jour. Cela créé un ensemble, une véritable force. En un mot, ça renforce les liens de cohésion sociale au niveau de la communauté ». 

A travers ce projet, l’association Les Flamboyants a été récompensé du Prix du meilleur promoteur de développement communautaire par le président de la République de Côte d’Ivoire, en 2023 :  « Doropo, c’est à 650 km d’Abidjan où nous sommes enclavés. Nous étions loin d’Abidjan. Mais il a fallu qu’à travers ce petit projet-là, réellement, les autorités locales, d’abord, reconnaissent nos efforts. Nous avons été repérés comme la meilleure organisation au plan régional. Et on a poursuivi au plan national, où nous sommes sortis vainqueur recevant le Prix du Meilleur Promoteur de Développement Communautaire, décerné par le chef de l’État, le 11 septembre 2023. Pour nous, c’est vraiment l’apothéose. Pour nous, c’est vraiment la reconnaissance de tout ce qui a été fait, que ce sont des projets qui ne sont pas connus des autres mais à travers ces activités, aujourd’hui, nous avons été reconnus par notre État, par le chef d’État, par la République de Côte d’Ivoire ». 

Jack, président de l’association Les Flamboyants conclut :  « 14 filles, ce n’est pas grand-chose face à des centaines de filles qui ont des besoins. On dirait que c’est une goutte d’eau dans la mer, mais nous pensons que les gouttes d’eau, quand elles tombent goutte par goutte, elles sont capables de percer les rochers ». 

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