Au Liban, diffuser des lueurs d’avenir

Depuis 2021, des projets portés par la société civile libanaise sont accompagnés par La Guilde. Autant de lueurs d’avenir à retrouver dans une série de vidéos mettant en lumière leur action. Coordinatrice de La Guilde au Liban, Irène Beucler raconte le pourquoi, et le comment.


Des cours de chants pour réfugiés ; de l’aide alimentaire pour personnes âgées ; des formations en menuiserie pour femmes ; des arbres plantés à proximité du port de Beyrouth ; et d’autres encore. Premier mot-clé : diversité. Le second ? « Pérennité » propose Irène Beucler. Pour celle qui accompagne ces projets au quotidien, la réussite de son travail est signée… lorsqu’elle n’en a plus. Au début de sa mission – marquant la reprise d’une histoire initiée dans les années 80 entre La Guilde et le Liban – son pays était en ruines : l’explosion du port de Beyrouth venait de symboliser le délabrement d’un pays sapé par les crises politiques, économiques, financières et sanitaires. Deux ans plus tard, difficile d’affirmer, d’un point de vue macro, que le Liban va mieux. Pourtant, partout, les manches se retroussent. Des liens naissent. Des étincelles jaillissent.

De l’appel au tournage

« Première année, on identifie et soutient dix actions à la suite d’un appel à projets, grâce aux financements de l’Agence française de développement et de la Fondation de France, retrace Irène. Ce sont des projets autour de l’éducation, de la culture, de l’enfance, de la formation professionnelle, de l’aide alimentaire et de la santé. Deuxième année, on double quasiment nos capacités d’action et on accompagne des projets dans tout le pays, notamment dans des zones reculées ».

Montée en compétences et structurations des organisations sont au programme de l’accompagnement. Avec pour objectif, donc, l’autonomie. « Quand Red Oak, qui associe artisanat des femmes et prises de paroles, remporte un fonds de l’Organisation Internationale de la Francophonie et développe une structure française pour la diffusion de ses actions, c’est une réussite », illustre Irène. Qui poursuit, à propos d’illustration : « dans l’accompagnement, il y a un volet communication. À l’été 2022, nous sommes donc partis dans tout le pays pour tourner auprès des structures ».

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Silos, ateliers et canapés

Direction Halba dans le Akkar (Nord-Liban), Marj dans la Bekaa (Ouest), le camp de réfugiés palestiniens de Borj El Barajneh, ou les quartiers  d’Ain el Remmaneh, Sin el Fil, Achrafieh et Quarantina, dans le Grand Beyrouth. « Sur l’une des vidéos tournées à Quarantina, près du port, on voit en arrière-plan les deux silos à blé affaiblis par l’explosion de 2020 : deux jours après, ils s’effondraient ». Voilà pour l’image. Le message, lui, se veut polyphonique : « le but était de filmer une personne responsable du projet, mais aussi des bénéficiaires. Cela donne vraiment un regard différent. Ce sont des interlocuteurs qui ne connaissent pas forcément La Guilde, pour lesquels il n’y a pas d’enjeu. La parole s’en retrouve moins lissée, plus directe ».

On suit alors les femmes au travail dans les ateliers de Warch(ée), on entre dans l’intimité des anciens, chez qui Teta w Jeddo (grand-mère et grand-père, en VF) apporte une aide alimentaire d’urgence. L’émotion pointe chez Irène au moment d’évoquer ces moments. Avant de laisser place au pragmatisme : « ces productions sont un outil de communication au service des structures. En leur permettant de les utiliser librement, elles doivent constituer une présentation qui les aidera à avancer dans leur développement ». Diversité, pérennité.

Le Cercle de jeunesse catholique est une association libanaise centenaire fondée par les Jésuites, qui, depuis la crise de 2019, tente de répondre aux besoins des plus vulnérables, en proposant des plats chauds, des caisses alimentaires, ainsi qu’un accès aux soins médicaux. L’association rayonne sur un large périmètre du territoire, du nord, au sud, en passant par Beyrouth et sa banlieue, le Chouf et la plaine de la Bekaa, englobant un total de plus de 5 000 bénéficiaires.


Warch(ée), ou « chantier » en arabe, est une initiative lancée après l’explosion au port de Beyrouth par Anastasia el Rouss, architecte de formation, et fervente défenseure de la cause des femmes libanaises pour favoriser leur insertion dans les métiers de la construction au sens large. Le projet continue de grandir et faire grandir avec lui toute une génération de femmes au Liban.


Libami a été fondée en 1986, en pleine guerre, pour répondre aux besoins des familles tombées dans la plus grande précarité. Elle vient en aide à 460 familles des quartiers pauvres du Grand Beyrouth (Bourj Hammoud, Nabaa, Si El Fil, Dekwaneh, Sabtiyeh, New Rawda, Dora et Sid El Bouchrieh) en leur proposant un accompagnement psycho-social, des visites à domicile, une aide à la scolarisation des enfants, et, depuis la crise récente, une assistance alimentaire, ainsi qu’un accès aux soins médicaux.


Lebanese Committee for Environment & Sustainable Development opère le projet “Urban trees”. Il a consisté en la plantation de 252 arbres dans le jardin public de Quarantina, quartier qui jouxte le port de Beyrouth. Sa mise en œuvre a été menée par Hala Sharfo, jeune étudiante de l’université de Tripoli et fervente défenseure de l’environnement. Ensuite, plusieurs sessions de formation ont été organisées à destination des enfants de Tripoli et de sa banlieue, afin de les sensibiliser au respect de l’environnement et aux bienfaits des arbres pour préserver notre écosystème.


Teta w Jeddo est portée par l’association Oum el Fadi. L’initiative Teta w Jeddo, qui signifie “grand-mère et grand-père”, a pour objectif de répondre aux besoins des personnes âgées isolées, fragilisées par la crise puis par l’explosion au port de Beyrouth. Ce sont au total environ 150 grands-parents, isolés socialement, issus des quartiers beyrouthins de Mar Mikhael, Quarantina, Tehouita, Furn el Chebbak et Ain el Remmaneh, qui reçoivent chaque semaine, des visites à domicile et un soutien alimentaire via la distribution de plats chauds et/ou de paniers contenant des denrées alimentaires, ainsi qu’une évaluation de leurs besoins en termes de santé.


Design For Communities opère Nafas, qui signifie “respiration”, soit le nom du centre communautaire, espace public toujours en cours de construction sur un terrain municipal, dans le quartier de Quarantina, jouxtant le port de Beyrouth et très affecté par l’explosion du 4 août 2020. L’idée de ce centre est de regrouper les différentes communautés de Libanais, réfugiés et immigrés, autour d’activités sociales et culturelles, qui seront proposées par un consortium d’ONG locales, après concertation avec le comité de voisinage.


Beirut Film Society propose “Beirut My Child”, réunissant 230 enfants, Libanais et Syriens, âgés de 9 à 13 ans, qui ont pu bénéficier d’ateliers créatifs et s’exprimer via des marionnettes qu’ils ont eux-mêmes confectionnées, sur les difficultés auxquelles ils sont confrontés, avec pour fil rouge les 42 droits de l’enfant tels que définis par lONU et pour ambition de leur redonner de l’espoir et de construire leur avenir – et celui de leur(s) pays.


Al-Kamandjati propose des cours de musique et de chant à 320 jeunes Palestiniens dans les camps de réfugiés de Shatila et de Burj el Barajneh. Croyant au développement de l’estime de soi et des qualités interpersonnelles par l’apprentissage de la musique Al-Kamandjati offre la possibilité à de jeunes réfugiés palestiniens de découvrir le solfège et une grande diversité d’instruments de musique, permettant même à certains d’élargir leurs horizons et d’envisager une carrière dans le domaine, en coopération avec le Conservatoire national du Liban et l’institut Beit Atfal Assumoud.


Red Oak est une association libanaise qui œuvre pour une société plus solidaire par le biais d’approches inclusives et innovantes, mettant l’éducation, l’art et la santé mentale au cœur de ses projets. En 2022, elle travaille sur un projet de prévention des violences et des discriminations à l’égard de 223 filles et femmes libanaises et réfugiées, dans la plaine de la bekaa. Red Oak croit en l’épanouissement des individus et aux pouvoirs de l’art et de la culture pour inspirer un développement durable de nos sociétés.

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